Le design inclusif cherche à supprimer les barrières physiques, cognitives et sociales qui peuvent limiter la participation et l’expérience des individus dans leur environnement quotidien. Cela implique de prendre en compte les différents types de besoins, de préférences et de capacités de chaque individu dès la phase de conception, afin de créer des solutions qui fonctionnent pour le plus grand nombre, sans nécessiter d’adaptations spécifiques. Cela va au-delà de simplement répondre aux exigences minimales en matière d’accessibilité. Il s’agit d’offrir des expériences optimales pour tous les utilisateurs, quelle que soit leur diversité. C’est une approche holistique qui englobe à la fois les aspects physiques, sensoriels, cognitifs et émotionnels des individus dans un environnement donné.
Dans un article extrait du dernier numéro de Work Better, Kamara Sudberry, responsable du Design inclusif chez Steelcase, met en lumière l’importance de comprendre les diverses « tensions » qui peuvent émerger lorsque les besoins individuels entrent en compétition. Selon elle, cette compréhension est cruciale pour développer des solutions de design inclusif qui répondent véritablement aux besoins variés des utilisateurs. 5 types de tensions ont été identifiées :
- Accessibilité : universelle vs. ciblée
Il est nécessaire de concevoir des espaces qui sont à la fois accessibles à tous et spécifiquement adaptés à des groupes d’individus aux besoins variés. À travers des solutions flexibles et adaptatives, nous créons des espaces offrant une expérience inclusive sans compromettre la diversité des besoins individuels. L’objectif est de trouver le juste équilibre entre l’universalité et la spécificité, afin que chaque personne puisse se sentir accueillie et prise en compte dans l’espace. - Bien-être : collectif vs. individuel
Le bien-être est un enjeu à la fois collectif et individuel essentiel. L’enjeu réside dans la manière de promouvoir le bien-être global tout en respectant les besoins individuels. Ainsi, nous travaillons à créer des environnements qui favorisent l’harmonie entre ces deux dimensions. Notre objectif est de cultiver des espaces propices à la santé communautaire tout en offrant des possibilités d’épanouissement individuel. - Hyposensibilité vs. hypersensibilité
On parle ici des besoins divergents en matière de stimulation sensorielle. Certains individus peuvent nécessiter une plus grande stimulation pour s’engager pleinement dans leur environnement, tandis que d’autres peuvent être rapidement submergés par une surcharge sensorielle. Trouver un équilibre entre ces deux extrêmes est essentiel pour créer des environnements inclusifs. Chaque individu doit pouvoir maîtriser son environnement et les éventuelles sources de désorientation, de fatigue ou encore de stress. - Flexibilité vs. prévisibilité
Il s’agit ici de jongler avec la nécessité de fournir des environnements flexibles qui s’adaptent aux besoins changeants des utilisateurs, tout en offrant stabilité et prévisibilité afin de limiter les risques de stress et d’incertitude. Nous pouvons concevoir des espaces flexibles en intégrant des zones dédiées à des tâches spécifiques, délimitées par des cloisons ou d’autres éléments, offrant ainsi un cadre rassurant et structuré. - Interactions vs. protection
L’enjeu est de trouver le bon équilibre entre encourager les interactions humaines significatives et offrir des espaces de refuge et de tranquillité pour ceux qui en ont besoin. Favoriser la connexion tout en respectant le besoin de sécurité et de solitude de chacun est primordial lors de la conception d’un espace.
Comprendre ces tensions est essentiel pour développer des solutions de design inclusif qui répondent véritablement aux besoins variés et parfois contradictoires des utilisateurs. Le design inclusif est un véritable engagement envers l’équité, l’accessibilité et l’inclusion, visant à créer un monde où chacun peut participer pleinement et bénéficier des opportunités offertes par son environnement.
